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L’amulette de turquoise

Juin 24, 2013

Dans le deuxième des trois récits merveilleux du papyrus Westcar, le prince Baufre relate une anecdote sur son grand-père, le roi Snefrou et son prêtre-lecteur Djadjaemankh.

La journée était très chaude. Écrasé d’ennui, Snefrou convoqua Djadjaemankh, l’un de ses prêtres-lecteurs afin de le distraire. Djadjaemankh (« celui qui porte le livre rituel ») proposa au roi d’aller en bateau sur le lac du palais, pour respirer l’air pur et admirer le paysage. Il suggéra également que l’équipage du bateau soit composé de vingt jeunes femmes parmi les plus belles du royaume.

Le visage morose du roi daigna s’éclairer enfin. « Fais immédiatement équiper le bateau de rames d’ébène et de bois de santal, le tout doré à l’or fin », ordonna-t-il avec enthousiasme. Les belles rameuses durent abandonner leurs habituels voiles de lin pour porter des résilles de perles qui masquaient à peine leurs courbes avantageuses.

Au début, tout se passa bien. Le roi, détendu, heureux, humait les fleurs, regardait les oiseaux et les poissons de son lac privé et consacrait la plus grande partie de son attention à son équipage. Soudain une rameuse laissa tomber dans l’eau une amulette de turquoise qui ornait sa chevelure. Elle poussa un cri de dépit et le bateau s’arrêta. La jeune femme était désemparée. Magnanime, le roi offrit de remplacer l’amulette en prélevant dans sa propre collection de turquoises mais la jeune rameuse ne voulut rien entendre: elle souhaitait récupérer son pendentif et aucun autre.

« Djadjaemankh, rugit le roi, fais quelque chose ! » Le prêtre-lecteur s’inclina et prononça une formule magique. Les eaux se divisèrent et la précieuse amulette apparut, posée sur le fond du lac. Djadjaemankh descendit la récupérer, remonta sur la rive, lança une nouvelle invocation et les eaux se refermèrent.

Snefrou, impressionné par les pouvoirs de son prêtre, le couvrit de richesses. La rameuse épingla l’amulette dans ses cheveux et la partie de canotage reprit son cours.

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