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Amenhotep IV

Sep 1, 2016

monte sur le trône à la mort de son père, le 1er ou 2e jour du 1er mois de la saison de la germination, soit vers le 13 novembre de l’année 1356 avant J.-C. Une supposée corégence entre Amenhotep III et son fils a été l’objet pendant des décennies d’interminables et passionnés débats entre égyptologues. Mais il suffit de jeter un coup d’oeil aux étiquettes de jarres retrouvées dans le palais thébain d’Amenhotep III pour constater que les seules attribuables au règne d’Amenhotep IV portent la date de l’an I, ce qui serait inexplicable si ce dernier avait partagé le trône avec son père pendant neuf ou douze années comme on l’a cru longtemps.

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Le jeune Amenhotep IV

Corégence

Ces discussions n’ont en fait plus lieu d’être: Amenhotep IV ne fut jamais le corégent de son père. Amenhotep IV n’a guère plus d’une dizaine d’années lors de son avènement et, comme son père jadis, est un enfant grassouillet chaperonné par sa mère. Le roi Touchratta du Mitanni écrit alors à Amenhotep IV en lui demandant d' » écouter sa mère, Ti yi » et prend soin de doubler certaines de ses lettres au roi d’un message à sa mère, indice évident de la jeunesse du souverain. Le roi-enfant réside à Thèbes, comme son père, mais fait édifier un palais sur la rive droite, à Karnak, probablement au nord-est de l’enceinte du temple d’Amon.

L’apparition du disque-Aton rayonnant

C’est à Soleb, en Nubie, que l’on trouve les premières représentations d’Amenhotep IV gravées dans un style identique à celui du règne d’Amenhotep III. Le roi y adore les divinités traditionnelles ainsi que son propre père divinisé. Sur ces monuments, Amon est toujours la divinité privilégiée. Au temple d’Amon à Karnak, Amenhotep IV fait également décorer vers la même époque une avant porte du me pylône édifié par son père. Le relief, monumental et extrêmement creusé, montre le roi massacrant des ennemis selon l’iconographie triomphale traditionnelle. Son emplacement, sur une porte d’accès au temple, a une valeur symbolique: gardien de l’ordre, Pharaon repousse le Mal et protège l’entrée du sanctuaire d’Amon. Dans la tombe de l’intendant de Tiyi, Kherouef, le jeune pharaon est également figuré, accompagné de sa mère, selon des conventions iconographiques conformes à celles en vigueur sous le règne d’Amenhotep III.

 

 

obelisque-karnak-latran

L’obélisque unique situé à l’est du temple d’Amon à Karnak, ici au premier plan, est un symbole solaire par excellence et la transition parfaite entre le ciel et la terre. Sculpté sous Thoutmosis III, ce monolithe connaît des difficultés de mise en oeuvre en raison de sa taille gigantesque – 44 mètres – et sera finalement érigé par son petit-fils Thoumosis IV. Transporté sous Constantin, le plus haut obélisque du monde antique se dresse actuellement devant la basilique Saint-Jean de Latran à Rome.

À une date imprécise entre l’an I et l’an II, tout en honorant les dieux traditionnels, Amenhotep IV fait référence à une nouvelle entité nommée

« Rê-Horakhty [ .. Rê-Horusde- l’horizon »] en sa nature de lumière-solaire qui émane du disque-Aton »

Cette appellation fait de Rê d’Héliopolis un Horus, c’est-à-dire un « souverain de l’horizon », et évoque le soleil à son lever. Rê-Horakhty est figuré, à l’instar d’Horus, sous la forme d’un dieu à tête de faucon que surmonte un disque solaire. Le nom-programme de ce dieu se trouve, avec quelques variantes, sur une stèle d’Héliopolis, sur une étoffe de la tombe de Toutankhamon et quelques autres monuments. Dès le début de l’an II, on ajoute à cette nouvelle entité une référence au nouveau palais du roi à Karnak appelé  » la résidence de l’Exalté-dans l’horizon » · Le roi se présente désormais lui-même comme:

« le premier prêtre de Rê-Horakhty exalté dans l’horizon en sa nature de lumière-solaire qui émane du disque-Aton »

Cette forme particulière est désormais privilégiée par le roi: le disque-Aton devient la manifestation visible du dieu solaire Rê-Horakhty. Il figure sur la grande stèle de Gebel el-Silsileh annonçant l’ouverture d’une carrière pour des monuments construits à Karnak sous le règne d’Amenhotep IV. Certaines parois de la tombe du vizir Râmose à Thèbes datent de cette époque. Râmose, issu d’une grande famille de Basse-Egypte, avait été nommé vizir par Amenhotep III et poursuivit sa carrière sous Amenhotep IV. Sa tombe à Thèbes préserve quelques-uns des plus beaux bas-reliefs de l’Égypte antique. On peut y suivre les premières phases de l’évolution théologique et iconographique voulue par Amenhotep IV. Une scène de la tombe gravée avant l’an IV montre que le roi est encore à cette époque un jeune garçon aux joues pleines et bien en chair, sans épouse à ses côtés, et fidèle aux cultes traditionnels. Une autre paroi décorée après l’an IV représente le roi, accompagné de la grande épouse royale

 jeune pharaon Amenhotep IV

Les premières représentations d’Amenhotep IV, sculptées dans le style réaliste de la fin du règne de son père, le figurent légèrement replet, avec un double menton bien marqué. Dès le début de son règne, le jeune pharaon montre une attirance particulière pour les divinités solaires. À Karnak, il fait décorer à proximité de l’obélisque unique une série de portes dont les motifs évoquent les dieux héliopolitains tels que Rê-Horakhty.

, se penchant sous les rayons bienfaisants d’un disque solaire. Cette scène traduit l’apparition d’une nouvelle image de la divinité: le disque-Aton. Au passage de l’an III à l’an IV, le roi célèbre un jubilé étonnamment précoce : en principe, le premier jubilé n’a lieu qu’après trente années de règne. Cette fête-sed semble avoir pour unique objectif de proclamer la nature « divine » d’Amenhotep IV.

Néanmoins, si l’iconographie existante montre Amenhotep IV comme le protagoniste de ce jubilé, les textes laissent plutôt entendre que c’est le disque-Aton qui en est le bénéficiaire. Cette cérémonie voit également le nom dogmatique d’Aton entrer dans des cartouches, à l’instar des noms royaux. Aton a donc désormais un statut de  » roi ». Dans la foulée, le globe solaire rayonnant – représentation désormais unique du disque-Aton apparaît comme seule icône divine en remplacement du dieu solaire à tête de faucon Rê-Horakhty.